Que ce soit dans mes cours ou dans ceux que je prends, en Pilates ou en Yoga, je retrouve à coup sûr ce défaut sur 1, 2 ou 3 personnes dans la salle lors des postures en appui sur les mains, le professeur ne faisant malheureusement pas toujours exception! Saurez vous retrouver ce défaut commun sur les photos ?
Si rien ne vous saute encore au yeux, observez la forme des coudes. Ne trouvez vous rien d'inhabituel ? Y a-t-il une continuité et un alignement entre le bras et l'avant bras, ou au contraire une sorte de « cassure » au milieu ?
Eh oui... Sur ces photos, quand les coudes sont tendus, au lieu d'un allongement on observe une sorte de pliure « à l'envers », comme une cassure, appelée « hyperextension ».
Pourquoi cette cassure ? Est elle dangereuse ? Qui est concerné ? Et que faire en conséquence ?
Flexion et extension normales
Lorsqu'on fléchit le coude, un pli se dessine à l'avant du coude tandis que l'arrière forme un angle
Lorsqu'on le tend, une continuité se dessine entre le bras et l'avant bras... sauf si l'on est hyperlaxe!
Hyperlaxité et hyperextension : quésaco ?
L'hyperlaxité se caractérise par des mouvements articulaires excessifs, une capacité des articulations à aller au delà de leur amplitude normale, avec facilité et sans douleur. Ce défaut est souvent dû à un relâchement des ligaments en particulier, mais aussi des muscles et des tissus conjonctifs entourant l'articulation. Une fragilité osseuse peut aussi parfois être en cause.
Cette pathologie concerne davantage les coudes, les genoux, les épaules, les poignets et les doigts et peut malheureusement favoriser entorses, dislocations articulaires, luxations, douleurs articulaires et arthrose prématurée. Il faut donc savoir la dompter !
Chez un sujet dit « hyperlaxe » (photo1), l'extension du coude entraîne forcément une hyperextension - s'il ne fait pas attention - à cause de ce relâchement ligamentaire. Il devra en fait tendre son coude de façon excessive pour atteindre la butée osseuse et avoir une sensation de stabilité satisfaisante. Idem pour les autres articulation hyperlaxes.
Nous verrons pourquoi cela n'est pas souhaitable dans cette 1ère partie.
Qui est susceptible d'être hyperlaxe ?
L'hyperlaxité est en général plus répandue chez les femmes, dont les hormones -les oestrogènes- assouplissent les ligaments. La laxité s’accroît encore plus quand le taux d’oestrogènes augmente, à savoir en milieu de cycle, et surtout pendant la grossesse (d'où les douleurs fréquentes dans le bassin).
Voici quelques exemples d'hyperlaxité. Observez surtout le coude et le genou :
Protégez vos ligaments
Connaissez-vous la différence entre un ligament et un tendon ?
Les ligaments connectent les os à d’autres os alors que les tendons relient les muscles aux os. Les ligaments ont pour mission de limiter l'amplitude articulaire, voire d'empêcher certains mouvements, afin de stabiliser et de protéger les articulations ; ils sont donc peu extensibles.
Par ailleurs les ligaments sont des tissus avasculaires, c'est à dire dépourvus de vaisseaux sanguins ; ils ne guérissent donc pas aussi rapidement que les muscles, et ne sont pas faits pour revenir automatiquement à une certaine longueur. Pour ceux d'entre vous qui vous êtes déjà foulé une cheville, souvenez vous le temps qu'il aura fallu à cette dernière pour guérir...
A partir de là, il est facile de comprendre pourquoi il est important de bichonner nos ligaments et nos articulations si l'on veut qu'ils tiennent le coup sur le long terme, à plus forte raison en cas d'hyperlaxité !
Hyperextensions répétées = danger
Quand on est hyperlaxe et qu'on multiplie les hyperextensions articulaires -souvent inconsciemment- on soumet ses articulations à des micro traumatismes à répétition, fragilisant ainsi l'articulation sur le long terme. On ne fait alors que tirer davantage sur des ligaments déjà distendus, même si l'on ne ressent pas d'inconfort dans l'immédiat. Or, plus les ligaments sont lâches, moins ils seront capables de stabiliser l'articulation.
Malheureusement ce problème est récurrent dans les positions en appui sur les mains, en Pilates ou en Yoga, qui ont plusieurs mouvements en commun.
Il est important de comprendre que le danger ne réside pas dans les mouvements eux mêmes ni dans les postures, ni même dans l'hyperlaxité, mais dans la façon de les réaliser, surtout si la fréquence de leur pratique est importante. Adapter sa position en conscience et rester actif dans les exercices, voilà la clé!
C'est aussi valable bien sûr pour toutes les pratiques corporelles mettant en jeu l'extension fréquente des genoux, des coudes et des épaules notamment, comme par exemple la danse, la gym, les arts martiaux, le cirque, le patinage artistique, pour n'en citer que quelques uns.
Ci dessous par exemple, observez l'hyperextension du genou de la jambe d'appui... Aïe!
Conclusion :
Il est primordial de bien connaître son corps dans ses fragilités pour apprendre à bouger en conséquence et se préserver. Ne pas avoir conscience de son hyperlaxité et être mal conduit dans sa pratique par un professeur peut avoir des conséquences nocives à long terme sur vos articulations.
Comment alors tendre ses coudes et les stabiliser sans se faire mal quand on est hyperlaxe?
Réponse dans la 2ème partie de ce dossier, où je ferai un lien pratique avec le Pilates et le Yoga, avec une attention particulière sur les exercices à risque.
Si donc vous êtes hyperlaxes, soyez rassurés : ce n'est pas une fatalité!
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